Depuis son retour, le 25 mai à Goma, Joseph Kabila ne cesse de multiplier des rencontres avec des religieux, les autorités traditionnelles, les femmes leaders, les chefs d'établissements d'enseignement supérieur et universitaire, les responsables des institutions hospitalières, ainsi que les responsables politiques, administratifs et sécuritaires. Une démarche qui vise notamment à montrer que l'ancien président n'est pas isolé et qu'il bénéficie d'un soutien au sein de la population de l'Est de la RDC.
Tous déclarent que l'ex-président congolais s'engage pour la paix, la stabilité, la cohésion nationale et le développement durable. Mais à Kinshasa, le pouvoir ne croit pas à ces affirmations et se prépare plutôt à toute éventualité. Christian Lumu Lukusa, cadre de l'Union pour la démocratie et le progrès social, le parti du président Félix Tshisekedi, reste convaincu que Joseph Kabila est le leader principal de la rébellion de l'AFC allié au groupe M23 :
"C'est lui le créateur de l'AFC. C'est lui qui finance l'AFC. L'AFC-M23 est une force terroriste. Lui-même en 2013 il a combattu ce mouvement. Qu'est-ce qui aurait changé pour qu'aujourd'hui le même mouvement porte les aspirations populaires ? Nous connaissons très bien leur agenda et nous sommes en train de nous préparer en conséquence."
Joseph Kabila, dont les immunités ont été levées par le Sénat, est désormais exposé à la justice militaire qui l'accuse de haute trahison et de crimes de guerre. Certains analystes estiment que sa présence à Goma et les consultations qu'il y mène sont plutôt dangereuses pour le gouvernement du président Félix Tshisekedi.
Le professeur Nkere Ntanda, enseignant à l'université de Kinshasa, pense cependant que l'ancien président congolais pourrait mettre son expérience et sa sagesse au profit de la République :
"Je ne veux pas voir sa présence à Goma, nécessairement, comme une provocation ou comme une posture militaire pour mettre mal à l'aise le régime en place. Je ne voudrais pas lire la situation de cette manière. Je pense qu'il y a possibilité qu'il y ait des bonnes volontés dans les initiatives de ce monsieur. Voyons donc ce que nous réserve les lendemains."
En attendant, de plus en plus de voix s'élèvent dans le camp du pouvoir congolais pour dénoncer et condamner la présence de Joseph Kabila dans une zone sous contrôle de l'AFC-M23 depuis près de trois ans.
Auteur: Jean-Noël Ba-Mweze
2025-06-02T08:51:37Z